Dans les champs égaré,
Un coursier richement paré
Fièrement caracole,
Fait mainte cabriole
Et refoule tous les sillons.
Un cheval lourd pesamment marche
Laboure, essouffle ses poumons ;
« Mon frère, dit-il, ta démarche,
Sans doute, est fort belle, mais... — Quoi !
Ton frère ! insolent ! moi ?
Je rougirais si dans ma race
On en voyait faits comme toi.
Lourdeau, commun, sans grâce,
Sans être honteux de ta face,
Tu te compares au coursier !
Vois mes pieds légers, ma gambade,
Et puis... — Si j'osais te prier
De faire ici moins de parade,
Et surtout, camarade,
De me montrer moins de mépris ?
Sans moi, tes pieds légers feraient des sauts étranges ;
Sache, si nulle part, sir, tu 11e l'as appris,
Qu'à mes gros pieds tu dois l'arôme que tu manges. »