Un cheval, un bœuf et un chien, transis par le froid, entrèrent dans la maison de l'homme. Celui-ci leur ouvrit sa porte, les reçut chez lui, et les réchaufsa à son foyer près d'un bon feu ; puis il leur servit ce qu'il avait, de l'avaine au cheval, des vesces au bœuf laborieux ; le chien, il le fit asseoir à sa table. En retour de son hospitalité, ils cédèrent à l'homme une partie des années qu'ils avaient à vivre : le cheval fit le premier don ; voilà pourquoi chacun de nous, dans ses premières années, a le cœur rempli de fierté. Après ce fut le tour du bœuf, et c'est pour cela que dans le milieu de la vie l'homme prend de la peine, aime le travail et amasse des richesses. Le chien, dit-on, fit le dernier son présent ; de là vient, ô Branchus, que le vieillard est chagrin, ne caresse que ceux qui le nourrissent, gronde incessamment et fait mauvais accueil aux étrangers.