Au temps où Flore embellit la nature,
Le lilas, fier de sa parure,
Adressait au poirier cet insolent discours :
Si tu crois des Zéphirs mériter les amours,
C'est bien à tort, je te le jure.
Eh ! dis-moi quel charme a ta fleur
Que n'ait aussi des champs la fleur la plus obscure.
Peu de parfum, encor moins de couleur,
Voilà ton lot, il n'a rien de flatteur.
Entre nous cependant vois quel frappant contraste !
Dans ma parure que de faste !
Dans mon parfum que de douceur !
Vois mon éclat, vois ma fraîcheur;
Vois mes nombreuses fleurs en aigrettes rangées,
D'un feuillage élégant avec art ombragées... -
Le poirier fatigué d'ouïr
Ce lilas dont l'orgueil l'étonne :
- Tout, lui dit-il, en vous doit éblouir,
Mais je vous attends à l'automne.

Livre II, fable 21




Commentaires