Les Chapons et la Poule.
Deux de ces animaux dont on fait la satire,
Et qui font nos plaisirs, surtout quand ils sont gras,
Deux Chapons, puisqu'il faut le dire,
Disputaient dès l'aurore et ne s'entendaient pas.
Les sots ayant fait leurs études
Sont souvent dans ces habitudes.
Le sujet était grave et neuf.
Ce n'était de savoir si la terre était ronde,
Ou plate à ses deux bouts ; oh ! pas le moins du monde ;
Mais qui vint le premier, de la Poule ou de l'œuf,
Nos docteurs citaient une foule
De commentateurs fort sensés.
Mais toujours plus embarrassés,
Ils s'en rapportent à la Poule.
i De ce mystère-là je ne m'occupe pas,
Dit-elle aux ergoteurs, Que d'autres vous l'apprennent.
Je suis Poule et n'ai point approfondi le cas.
Je fais des œufs, Messieurs, sans chercher comme ils viennent.
Argumenter à tout propos
Sur la cause et l'effet ; s'épuiser en dilemme,
Et vouloir pénétrer l'impénétrable même,
C'est tout l'esprit des pédants et des sots.
Eh ! mon ami, pas tant de verbiage ;
Mangeons l'oeuf et la poule, et ne disputons point ;
C'est le plus sûr et le plus sage,
Nous nous entendrons sur ce point.