Un Harpagon femelle en son manoir avait
Une poule, et d'un peu de graine
Elle la nourrissait à peine :
Aussi la poule lui donnait
Tout au plus un œuf par semaine.
Lasse de n'en pouvair tirer aucun profit,
A sa voisine, un jour, l'avare la vendit.
Celle-ci jouissait d'une honnête richesse.
Dans cette opulente maison,
L'heureux volatile, à foison,
Trouva des grains de toute espèce,
Que sa généreuse maitresse
Lui prodiguait, espérant, en retour,
De la poule reconnaissante,
Obtenir, pour le moins, deux beaux œufs chaque jour.
L'ingrate trompa son attente :
Se gavant sans mesure et sans discrétion,
Elle devint trop grasse, et partant impuissante ;
Enfin, elle mourut d'une indigestion.
Gardons-nous, mes amis, de l'infâme avarice ;
Mais n'allons pas, pour fuir ce vice détesté,
Nous jeter dans un autre vice,
La folle prodigalité.