Si le méchant est faible, il ne pourra pas faire le mal ; s'il est sot, il n'en trouvera pas les moyens ; mais si nous lui donnons la force et le génie, quelle calamité !
Un moineau disait un jour à une poule : « J'ai entendu parler quelque part d'un gros animal, appelé renard. On dit des choses étonnantes sur son esprit et sur son génie ; le connaîtriez-vous par hasard ? Nous le connaissons à nos dépens, répondit la poule ; c'est bien l'animal le plus fin et le plus ingénieux de toute la terre. S'il faut surprendre une poule au passage, escalader un mur, pour s'introduire dans une volière, égorger tout ce qu'il rencontre, c'est l'animal qu'il faut. Un jour je le voyais du haut d'un arbre ; il donnait l'assaut à une ruche d'abeilles ; lorsqu'il fut couvert de celles qui voulaient le piquer, il se roula par terre, les écrasa sous son corps, revint à la charge avec plus d'ardeur, emporta la place, fit déloger les abeilles, et mangea le miel. Si quelqu'un mérite le titre d'animal de génie, c'est celui-là certainement. — D'après le récit que vous venez de me faire, dit le moineau, je conviens qu'il en a ; mais puisqu'il en fait cet usage, combien ne vaudrait-il pas mieux qu'il n'en eût point ! »