Un Moineau s'établit au nid d'une Hirondelle.
C'était l'hiver ; quand sur son aile
Le zéphir ramena la fille du printemps,
Elle vint réclamer, en termes insistants,
L'abri si bien construit par elle :
Rendez-moi mon doux nid, berceau de mes enfants
Que j'y puisse élever, ainsi que tous les ans,
Les petits que l'amour va me donner encore ;
Vous êtes Moineau franc, ce titre vous honore,
En commettant unvol, voudrez-vous le ternir"?
Je suis fort bien ici ; je saurai m'y tenir,
Répondit le Moineauy ce nid est mon asile,
Il m'appartient, puisqu'il me sert ;
Vous n'aviez qu'à rester dans votre domicile ;
Qui quitte sa place la perd.
En m'aceusant de vol, vous radotez, mignonne,
Comme Napoléon-le-Grand,
J'ai trouvé le trône vacant,
Et je ne l'ai pris à personne.
Faites un autre nid, vous qui savez bâtir,
Cela vous est facile, et, si le temps vous presse,
Tous les oiseaux de votre espèce
De leur bec Obligeant viendront vous secourir.
Oui, vous avez raison, ce conseil salutaire
Sera suivi dans un instant,
Lui dit l'Hirondelle en partant ;
Vous apprendrez bientôt ce que nous savons faire.
Elle va chez ses sœurs raconter sa misère ;
Toutes, à ce récit, brûlant de châtier
Une conduite aussi blâmable,
Vont prendre dans leur bec l'intelligent mortier
Qui punira l'oiseau coupable.
Et lorsque du sommeil il goûte la douceur,
On les voit dans ce nid murer l'usurpateur .
Avant que tout à fait l'on eût bouché la porte,
On lui cria d'une voix forte :
Vous n'avez pas voulu rendre le nid d'autrui,
Beau Pierrot, restez-y malgré vous aujourd'hui ;
Soyez puni, car il importe
De faire apprendre à tout voleur
Qu'un bien volé porte malheur.