Des hirondelles, par prudence,
Voyant l'hiver, précédé des frimas,
Prêt à fondre avec violence,
Avaient passé dans de plus doux climats.
Certains moineaux s'étaient, en leur absence,
Emparés de leurs nids
Pour y déposer leurs petits.
Mais dès que le zéphir eut remplacé la bise,
Nos fugitives, de retour,
S'empressent de voler à leur ancien séjour.
Qui peut exprimer leur surprise
En voyant les intrus ?… En vain pour les chasser,
Par elles la raison en usage fut mise.
Les moineaux, pour les repousser,
Présentèrent leurs becs. Alors les hirondelles
À la ruse de recourir,
Et d'un mastic, qui n'est connu que d'elles,
Des nids fermant l'entrée, on vit bientôt périr,
De la mort la plus misérable,
Les criminels usurpateurs.
La justice punit tôt ou tard les coupables :
Et sur leur force en vain comptent les oppresseurs,
Par des moyens faibles en apparence,
On voit souvent les dieux vengeurs
En faire triompher la timide innocence.