« Au souffle humide des vents froids
Les feuilles pleuvent dans les bois,
Partons, partons, disait une jeune hirondelle ;
On nous dit qu'au-delà des mers
Le ciel est toujours pur, les arbres toujours verts ;
Volons vers cette plage éternellement belle,
Et mettons-nous, mes sœurs à l'abri des hivers.
— Fuir au-delà des flots ! arrêtez, téméraires,
Leur criait un moineau né sous le même toit ;
Comment pouvez-vous croire aux contes, aux chimères
De vos radoteuses grand-mères ?
Les vents soufflent partout, partout règne le froid,
Croyez-moi, cherchez un asile
Dans les granges, dans les greniers,
Et vivez, comme nous, aux dépens des fermiers,
Sans tenter follement un voyage inutile. »
Ce moineau dissertait en orateur habile,
Mais on le laissa dire ; et vers de nouveaux deux
La troupe s'élançant d'un vol audacieux,
Dès l'aurore suivante, au terme du voyage,
De l'Afrique en chantant saluait le rivage.

Quand, d'une autre patrie entretenant nos cœurs,
Une divine voix nous soutient, nous console,
Croyons-en sa sainte parole
Plutôt que les discours des sophistes moqueurs.

Livre V, Fable 24, 1856




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