Des Oiseaux, réunis à l'ombre du feuillage,
Embellissaient l'écho par le doux assemblage
De leurs chants printaniers consacrés à l'amour ;
Quelquefois tous ensemble, et souvent tour à tour
D'une admirable symphonie
On les voyait charmer le jour.
Un Moineau du canton leur témoigna l'envie,
Tout Moineau qu'il était, d'obtenir la faveur
De chanter avec eux : Je suis faible chanteur,
Dit-il, et mon gosier a peu de mélodie,
Mais ne se peut-il pas qu'en de certains moments
L'on ait besoin de mes accents
Pour compléter une cadence ?
Tout le monde n'est pas au solo destiné;
Chacun a son savoir, sa valeur, sa nuance.
Dans un concert bien ordonné
Les talents n'ont pas tous une égale importance.
Admettez-moi, messieurs, l'honneur d'être avec vous
Pourra doubler mon zèle, adoucir mon ramage ;
Docile à vos conseils, incessamment jaloux
De mériter votre suffrage,
Je veux, à mon emploi sagement assorti,
Moduler des accords dont l'effet satisfasse,
Et prouver, si chacun n'en est pas averti,
Que d'un talent obscur on tire bon parti
Lorsqu'on le sait mettre à sa place.
ENVOI
Messieurs, ces vers qu'ici je viens de raconter
A vous ainsi qu'à moi se peuvent rapporter.
Vous êtes les Oiseaux dont la douce harmonie
Fait l'admiration des auditeurs divers,
Et moi l'humble Moineau qui, dans vos doux concerts,
Demande à chanter sa partie.