Un âne, qui tramait un orgue dans Paris,
Pensa que sa chanson en devenait plus douce ;
Je n'ai plus, disait-il, un accent qui repousse.
Tout loyal connaisseur ne sera point surpris
Que ma voix de ténor enfin se soit instruite
Des airs mélodieux que l'on joue à ma suite,
Et puisque dès longtemps, avec les mêmes soins
J'ouvre ma belle oreille à la bonne musique,
Je ne puis plus être Bourrique,
Je suis Rossignol, pour le moins !
Sur ce, maître Baudet lève le nez et chante,
Assuré qu'il était de se faire applaudir.
Vous devinez assez l'humeur impatiente
Des malheureux voisins qu'il comptait divertir.
S'il est de vrais savants au pays où nous sommes,
Combien nous voyons tous les jours
Des sots très ennuyeux se croire de grands hommes,
Parce qu'ils ont suivi des cours ?