Dans une basse-cour assez riche en volaille,
Jasaient, en becquetant ou la graine ou la paille,
La Poule caqueteuse et le docte Canard.
Pour les bien écouter comme j'arrivai tard,
Je ne vous dirai pas toute leur éloquence ;
Vous en serez fâché comme moi, mais je pense
Qu'on peut se contenter et ne pas tout savoir.
Voilà qu'à l'instant même il commence à pleuvoir
La Poule, qui n'a point de penchant pour l'ondée,
Veut se mettre à couvert au toit du poulailler,
Et le Canard de la railler
De cette crainte mal fondée :
Pourquoi toujours montrer un goût si singulier ?
Quand il pleut, tout prospère au sein de la nature ;
La fleur s'épanouit, plus belle est la verdure ;
Restez donc, ma commère, il est tout naturel
De recevoir les dons qui nous tombent du ciel.
Il ne faut pas juger les gens d'après soi-même,
Dit la pondeuse prudemment,
L'eau m'est antipathique, elle est votre élément,
Restez-y, quant à moi, je suis mieux conseillée.
Le Canard, j'en conviens, est toujours beau
Dans l'eau,
Mais rien n'est aussi laid qu'une Poule mouillée !