Trois canards voyageant,
Et par mer, et par terre,
Soit-en volant, soit en nageant,
Crurent, pour commencer, qu'entre eux ils devaient faire
Une société
Que la diversité
De chaque caractère
Et leur activité,
Sauraient rendre prospère.
Or, l'un était peureux'
L'autre était hasardeux,
Le troisième, tenait des deux.
D'abord leur union sincère
Longtemps rend le négoce heureux.,. :
Mais, un jour, il advint que, ne pouvant s'entendre,.
Chacun pour soi voulut et trafiquer et vendre.
Le premier, qui jamais n‘osait hasarder rien
Ne couvrit pas ses frais et n'acquit aucun bien
Il en fut de plus pour sa peine,
Le risque-tout
Gagnant beaucoup,
- Se ruina d'un coup.
Le dernier, ayant bonne veine,
Par sa prudence prospéra,
Et riche, à temps, se retira.
Tous commerçants ainsi devraient choisir eux-mêmes
Entre ces deux extrêmes;
Tel qui ne risque rien n'a rien,
Et tel qui risque tout souvent perd tout son bien.