Une poule un beau jour partant pour la campagne,
Sa famille avec joie aussitôt l'accompagne,
Mais parmi les poulets se trouvait par hasard,
Nouvellement éclos un tout petit Canard.
Le chemin les conduit pas loin d'une rivière,
Le Canard n'y tient plus. « Ah ! voilà mon affaire, »
Dit-il à sa maman, « Je m’en vais prendre un bain. »
La Poule lui répond : « Méchant petit vaurien,
Mais tu vas te noyer, prends donc garde, à ton âge
On est si délicat ; tu périras je gage,
Qui peut t’avair appris sitôt l'art de nager ?
Mon enfant viens à moi, tu cours un grand danger. »
Pour sauver son petit l'on voit la pauvre Poule,
D'un ton bien enroué crier à l'eau qui coule:-
« Grâce pour mon enfant, au bord fais-le venir,
Car l'instinct. me défend d’aller le secourir. »
Mais le petit Canard se fie à son courage,
Et dans son élément ne craignant le naufrage,
Demande à sa maman en riant de bon cœur,
Quel était le motif qui causait sa terreur ?
Ce qui cause à Laurent une frayeur terrible,
Est souvent pour Martin un plaisir indicible ;
Le canon au dernier ne trouble le repos,
Le premier est saisi quand il voit un héros.
L’un affronte les flots d'une mer furieuse,
Et défend son drapeau d’une main courageuse ;
L’autre sur un bateau retenu dans le port,
Voit un danger extrême et se croit déjà mort.
Ne crains rien pour celui dont le cœur plein d’audace,
Affronte le tropique et dédaigne la glace,
Celui que la nature a formé au danger,
Apprend par elle aussi qu'il faut le dédaigner.