Le canard, fier de sa tournure,
Un jour rencontra le serpent,
Et lui dit, d'un ton insolent :
— n'est, dans toute la nature,
Aucun être qui, mieux que moi,
Mérite le litre de roi ;
Car je porte un brillant plumage,
Et, seul des animaux, je marche, vole et nage
Changeant tous les malins de ciel et d'horizon,
Je visite, à chaque saison,
Les forêts et les mers lointaines.
— Ainsi, répondit le serpent,
Tu te fais de vastes domaines,
Et si l'on te croyait, vraiment,
Le ciel, la terre et l'eau formeraient ton empire,
Et tous les animaux te donneraient du sire :
La baleine, l'aigle et le lion
Devraient donc le jurer hommage :
Tu marches, tu voles, tu nages ;
Pour te dire parfait, l'excellente raison !
Tu marches, mais cours-tu comme fait la gazelle ;
Voles-tu comme l'hirondelle?
Peùx-tu suivre, à travers les eaux,
La truite ou le saumon rapide ?
Pour avoir visité des rivages nouveaux,
En ës-tu plus savant, en es-tu moins stupide?
Tu fais un peu de tout, mais ne fais rien de bien.
On pourrait aisément appliquer cette fable
A plus d'un romancier, poète, historien,
Qui de parler de tout se juge très-capable.
J'adresse, pour finir, cet avis au lecteur,
Qui le retournera, bien sûr, à son auteur.





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