Un procureur rempli d’adresse,
Sentant arriver la vieillesse,
Avait cédé, jadis,
A son fils,
Non sans un peu d’inquiétude,
Ses clients, ses procès, en un mot son élude
— Mon ami, lui dit-il, tâche de m’imiter,
Et de savamment exploiter
La chicane et la procédure,
Ta fortune sera bien sûre.
A quelques jours de là, le jeune procureur
Revient tout joyeux vers son père
Annoncer qu’il à, par bonheur,
Terminé le matin une très-grande affaire,
Que l’on plaidait depuis le temps
Des parlements.
— Hélas ! j’ai donc perdu ma peine,
Et la ruine est bien certaine !
Répondit le père indigné ;
Hé quoi ! j’étais donc condamné
A voir mon fils ternir ainsi ma gloire !
Ô procureurs des temps passés,
Non, vous n’auriez jamais pu croire
Que l’un de vous se fit arrangeur de procès !

Lecteurs, ce n’est point une fable,
Ce récit est trop véritable ;
Oui, je le dis en bon français :
Il s’est passé chez les Anglais.





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