- Vraiment, je suis pour toi beaucoup plus généreuse
Que tous les autres animaux,
En te cédant ainsi le fruit de mes travaux,
Disait un jour à l'homme une abeille orgueilleuse.
— C'est vrai, répond le laboureur,
De ton miel rien ne peut égaler la douceur,
Et pourtant la brebis est pour moi plus utile :
D'abord elle est bien plus docile,
Et m'abandonne sa toison
Sans jamais, comme toi, me montrer d'aiguillon.
Ton miel, si doux qu'il soit, ne m'est point nécessaire ;
La laine que je puis sans danger lui soustraire
Contre le froid me sert de vêtement,
Et sa chair est, de plus, un fort bon aliment.
Ecoutez, mes enfants, ce que dit cette fable :
Que l'utile, pour vous, passe avant l'agréable ;
Mais apprenez aussi qu'on n'est point bienfaisant,
Même en donnant beaucoup, si l'on n'est bienveillant.