Jupiter, l'Homme et l'Abeille Théophile Deyeux (1799 - 1870)

Un paysan tenait un pot de miel ;
Une mouche le pique,
Il réplique,
Elle fuit dans le ciel.
Tous deux, a Jupiter, adressent leur requête.
L’homme dit : ce miel était à moi;
Non, dit la mouche, il était ma conquête.
— Quand c’est moi qui l’ai fait, comment est-il à toi ?
— Comment ? je l’ai trouvé dans ma prairie.
— Moi, je l’ai puisé dans les fleurs.
— Ces fleurs étaient et moi. — Quelle plaisanterie ;
Elles sont à l’aurore et vivent de ses pleurs.
Jupiter leur répond : cessez tous ces murmures,
Allez, chétives créatures,
Vous avez tous raison, et tous vous avez tort,
Subissez votre sort.
Vous n’avez rien à vous, et vous voulez tout prendre.
L’homme, des animaux, prétend qu'il est le roi ;
En despote il agit pour se faire comprendre.
— Mais peut-il donc se plaindre en bonne foi ;
Couvert de fer dans les batailles,
Derrière un bouclier ou derrière un rempart,
Ou renfermé dans des murailles,
Qu’une mouche ait-un dard !

Souvent, ainsi, celui qui nous offense
Ose accuser notre défense.
On dit que, par ces mots, le roi des dieux finit:
Un homme de six pieds est encor bien petit.

Fable 6




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