La Fourmi et la Souris Théophile Deyeux (1799 - 1870)

Une fourmi des moins préteuses
Voulut, pour garder sa maison
Et la garantir des voleuses
Qu’on craignait dans sa nation,
Une servante bien fidéle,
Et qui par un seul bout allumat sa chandelle.
Elle fit choix de la souris ;
La souris était prévenante,
On ne peut plus obéissante ;
Enfin c’était un sujet
Parfait.
La fourmi possédait, sur quatre brins de paille,
Un bon boisseau des grains qu'elle avait amassés
Dans les beaux jours passés.
Lorsqu’à la fin de la quinzaine,
Quel fut l'étonnement, le chagrin et Ia peine!
IL n’en restait plus qu’un litron.
La fourmi se fâcha tout de bon.

Mais hélas ! les regrets sont tous d’une impuissance,
Qui fait que je préfère en tout point le silence.
Ma fourmi, c’est le petit rentier ;
A garder ses trois sous c’est en vain qu'il s’applique,
Le brin de paille est son grenier,
La souris c’est son domestique.

Fable 7




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