Pauvre Fourmi ! s'écriait un Mulot.
Comme j'ai l'âme presque humaine,
Je plains vraiment ton triste lot :
Je te vois trotter par la plaine,
Ou traîner un grain pas à pas :
De tant suer c'est bien la peine,
Pour faire un si chétif amas !
À mon épargne il faut que je te mène.
Viens-y voir les trésors entassés par mes soins.
Sont-ils plus grands que tes besoins,
Répond la Fourmi citoyenne ?
En ce cas-là, tremble pour tes foyers :
Injuste quelquefois, l'homme te rend justice,
Alors qu'il vide tes greniers,
Et qu'il punit ton avarice.
DANS ce siècle charmant ou prospère le vice,
Que de Mulots en paix sous leurs terriers !