Un vieux Frelon mourait de jalousie,
Une jolie Abeille ayant pris sous ses yeux
Au calice des fleurs, le suc délicieux
Dont elle forme l'ambroisie.
Qui dit envieux dit méchant.
Le Frelon jura sur-le-champ
De se venger de la jolie Abeille.
Se venger ? mais de quoi ? l'envieux est ainsi.
Dès que vous avez réussi,
Vous lui faites ombrage et sa haine s'éveille,
Le nôtre s'en alla frapper,
Chez les Abeilles, au bocage,
Et leur tint ce rusé langage :
« Je ne peux vous laisser tromper
Plus longtemps par une infidèle ;
Ce n'est pas pour vous, c'est pour elle,
Pour elle seule, que des fleurs
Aux plus séduisantes couleurs
Elle va butiner la liqueur précieuse.
O ciel ! tromper , voler ses sœurs !
Voilà ce qui la rend aussi laborieuse !
Vengez-vous, croyez-moi, je suis de vos amis !
La vengeance est plaisir permis ! »
Le Frelon jugeait par lui-même,
Et se félicitait tout bas
De son odieux stratagème ;
Mais son bonheur ne dura pas,
Car les robustes ouvrières
Le chassèrent de leur logis.
A troubler les gens bien unis
Que gagne-t-on ? Les étrivières.