Jeannot et le Frelon Claude-Joseph Dorat (1734 - 1780)

Un jeune enfant, c'est Jeannot qu'on l'appelle,
Cueillait des fruits dans un jardin :
Un Frelon le pique à la main ;
La faiblesse est toujours cruelle.

LE pauvre Jeannot jette un cri,
Mais plus insolent, plus agile,
Une seconde fois l'orgueilleux volatile
Sonne la charge autour de lui.
Furieux, le vaincu s'élance,
Saute après le Frelon, s'obstine et le saisit.
Dans le malheur, plus d'un sage le dit,
Rien n'est plus bas que l'impudence.

AH ! j'implore votre clémence,
S'écria le Captif, d'un ton presque touchant
Laissez-moi vivre, bel enfant,
En faveur de mon innocence :
Mon petit dard fait seul mon existence ;
Et si par fois il est cuisant,
C'est la nature, en conscience,
Qui veut que je sois malfaisant. –

OH ! c'est la nature ! à merveille,
Reprit Jeannot qu'il croyait abuser.
C'est elle aussi qui me conseille.
Et qui me dit de t'écraser.

Livre III, fable 17




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