La rose disait à l'épine :
— Malveillante voisine,
Pourquoi déchires-tu les habits des passants ?
Et pourquoi donc, de tes piquants,
Repousser loin de cet arbuste,
Que je pare de mille fleurs >
Les entants , mes admirateurs?
— Ton reproche est vraiment injuste,
Et lu n'as point sujet de te plaindre de moi,
Répondit l'épine à la rose :
L'enfant qui s'approche de toi
Admire ta beauté, mais toujours se propose
De l'arracher du rosier 5 ton soutien ;
Et, s'il ne craignait ma piqûre,
Il le ferait, tu peux en être sûre :
Je ne suis là que pour ton bien.
Cher enfant, retiens cette fable :
Hélas ! tu prends pour des tyrans
Tes précepteurs et tes parents !
Quand pour toi le devoir semble désagréable,
Rappelle-toi qu'eux seuls peuvent te protéger
Contre le vice ou tout autre danger.