Par les vents arrachée,
La feuille desséchée
Tomba dans un rosier,
Dont elle couvrit en entier
La plus brillante rose.
Bien que la fleur à peine fût éclose,
Avec un souris dédaigneux
Aussitôt elle accueille
La feuille;
Puis, d'un ton orgueilleux:
« Voyez un peu la misérable !
De s'égaler à moi sans doute elle est capable ?
— Hélas ! dit la feuille à son tour:
Qui sait? Peut-être, un jour,
Tu sentiras les coups du destin qui m'accable.
Les dieux te puniront de ton cruel dédain...
— Tu plaisantes, ma chère ;
A peine je suis au matin
De ma carrière!... »
Pourtant elle gisait, le soir, sur le chemin !
En courant la vallée,
Un enfant l'avait effeuillée.
Qui repousse les malheureux
S'attire tôt ou tard la colère des cieux.