La Rose et le Chèvrefeuille Lambert Ferdinand Joseph Van den Zande (1780 - 1853)

Triste et penchée avec langueur,
La rose un jour, de sa peine accablée,
Exhalait ainsi sa douleur :
Des plus riches attraits, Flore, je suis comblée ;
Tu m'as donné la grâce avec la majesté ;
Du beau sang de Vénus ma robe se colore ;
Mon souffle est le parfum qu'aime la volupté,
Et belle même avant d'éclore,
Je sers d'emblème à la beauté.
Pourquoi faut- il que des épines
Déparent mes grâces divines,
Et que la reine des fleurs,
Ainsi qu'un vil buisson, fasse couler des pleurs ?
Près d'elle un brillant chèvrefeuille
Entend sa plainte, et lui dit :
Belle rose, ah ! modère un injuste dépit :
Grâce à l'épine qui t'aigrit,
C'est d'un doigt délicat que toujours on te cueille ;
Les dieux ne m'ont armé d'aucun trait repoussant,
Et des mains sans pitié m'arrachent en passant.

Fable 9




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