La Violette et la Rose Théodore Lorin (19è siècle)

« Tu fais très-bien, pauvre fleurette !
Disait la rose altière à l'humble violette,
De dérober à tous les yeux
Tes obscures couleurs, ton port disgracieux.
Pour moi, du Soleil adorée,
Ce dieu de ses brillants rayons
Vient caresser ma corolle parée
Du plus vif incarnat. Par mille papillons,
Dès que le jour paraît, je me vois entourée. »
« Soit, dit la violette : à ta splendide cour
Je suis loin de porter envie :
Emblème d'un timide amour,
Mon unique désir est de cacher ma vie. »
Qu'advint-il ? La modeste fleur,
D'une douce et suave odeur
Embaumant toute la contrée,
Par l'ombre du gazon constamment protégée,
Conserva longtemps sa fraîcheur ;
Au lieu que sa coquette et dédaigneuse sœur,
Des feux du soleil dévorée,
Vit disparaître, avant la fin de la journée,
Et ses parfums et sa vive couleur.

Livre III, Fable 7




Commentaires