Avril verdoyait,
Quand la violette,
Modeste et discrète,
Qui, peu, s'occupait,
En saison nouvelle,
De paraître belle,
Sous l'herbe croissait.
Le zéphir volage
La vit, et son cœur,
D'une vive ardeur
Sentit le servage ;
A peine il osait,
D'une aile timide,
Froler l'herbe humide,
Où, seule et sans guide,
La fleur se cachait.
Mais, tout auprès d'elle,
D'un brillant modèle,
On voyait fleurir,
Et s'épanouir,
Rose joliette,
Qui fraîche et coquette,
Offrait le plaisir.
Dans un vain délire,
L'inconstant zéphire,
Alors s'envola ;
Et, triste, inquiète,
L'ingrat planta là
La pauvre fleurette.
Ce volage amant,
A sa folle ivresse,
Se livra sans cesse ;
Mais l'enchantement
Fut d'un seul moment.
Épine piquante,
La rose cachait,
Et zéphir coquet,
Dans sa flamme ardente,
Très peu s'en doutait.
Profonde blessure
Le galant reçut ;
Longtemps il ne put,
Ni sur la verdure,
Ni sur l'onde pure,
Faire son début.
Couché sur la terre,
Souffrant mille maux,
On le vit naguère
Se plaindre en ces mots :
Qu'amour pur est rempli de douceur et de charmes !
Et qu'il nous fait passer des jours délicieux,
Mais qu'il nous fait aussi verser d'amères larmes.
Lorsque, d'une coquette, il nous rend amoureux !