La Violette et le Houx Théodore Lorin (19è siècle)

« Que je te plains, ô chétive fleurette !
Disait, d'un ton suffisant et moqueur,
Le houx à l'humble violette.
La nature d'un dard vainqueur
Prit soin d'armer ma feuille menaçante.
Personne n'ose m'outrager ;
Car si l'on m'attaquait, je saurais me venger.
On me redoute, et toi, pauvre innocente,
Tu restes exposée à cent périls divers.
Aussi, timidement tu te caches sous l'herbe :
Au lieu que, moi, hardiment dans les airs
J'élève ma tête superbe. »
« De mon obscurité je me trouve fort bien,
Lui répliqua la douce créature :
Je fais plus ; à ton sort je préfère le mien.
D'une feuille piquante armé par la nature,
Tu fais trembler tes ennemis :
Moi, je n'ai pas besoin d'armure,
Puisque je n'ai que des amis. »

Livre III, Fable 3




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