Le Prêtre de Jupiter et ses deux Gendres Théodore Lorin (19è siècle)

Le Prêtre de Jupiter et ses deux Gendres.
Un prêtre aimé du Dieu qui lance le tonnerre,
A son gré, disait-il, envoyait sur la terre,
Ou les légers zéphyrs ou les fougueux autans,
Bref, pour parler le langage ordinaire,
Faisait la pluie et le beau temps.
De deux charmants tendrons ce prêtre était le père.
Aux regards les plus séduisants
Ses deux filles joignaient grâces et gentillesse ;
Ajoutez à cela quelque peu de richesse :
Vous sentez bien que les amants
Ne leur manquèrent pas. Parmi les soupirants
Deux obtinrent la préférence.
L'un étalait dans un jardin immense
Des fleurs du plus grand prix, et dont la rareté
Le disputait à leur beauté.
Sa compagne en tressait d'élégantes guirlandes
Dont les dévots décoraient les offrandes
Qu'en des jours solennels ils présentaient aux Dieux.
Le second, visant à l'utile,
Cultivait avec soin dans un terrain fertile
Mille légumes précieux
Qu'il envoyait vendre à la ville.
Celui-ci d'un air soucieux
Se rond un jour chez son beau-père :
Vous êtes, lui dit-il, si bon et si pieux !
Faites que Jupiter suspende, à ma prière,
Ce beau temps qui me désespère,
Et qui fait tout languir chez moi : c'est, en un mot,
Un temps humide qu'il me faut. »
« Gardez-vous-en, sur votre vie,
Interrompt l'amateur de fleurs ;
« De mes plates-bandes la pluie
Détruirait le parfum et les vives couleurs. »
— « Mes enfants, dit le sage père,
Comment vous accorder ? Je n'y saurais que faire.
Trêve à tous ces débats. Laissons agir les Dieux :
Ils sauront tout arranger pour le mieux. »

Livre III, Fable 2




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