Égaré dans un bois, un pauvre voyageur,
Assailli par les vents, la pluie et le tonnerre,
A Jupiter adressait sa prière.
« Sauve, s'écriait-il, sauve, Dieu protecteur,
Ton infortuné serviteur. »
Mais cependant la fureur de l'orage
Est loin de s'apaiser : sillonnant le nuage,
L'éclair brille, et la foudre éclate au même instant.
La nuit devenant plus obscure,
Dans les sentiers déserts il erre en tâtonnant.
À la prière, alors, succède le murmure :
« Dieu cruel ! quoi ! dit-il, loin de la protéger,
Peux-tu, dans ce pressant danger,
Abandonner ainsi ta faible créature ?. »
Le bon Jupin sourit de cette injure
En père qui pardonne. Enfin
Notre malheureux pèlerin
Sort du bois tout transi, faisant triste figure ;
Quand tout à coup un atroce brigand
Qui de sa bourse avait envie,
Tend contre lui son arc : heureusement la pluie
Avait mouillé la corde, et le trait impuissant
Tombe à ses pieds. « Cet orage effrayant
Contre lequel ta bouche impie
Murmurait tant, vient de sauver ta vie,
Dit Jupiter. Mortels audacieux
Qui chaque jour osez calomnier les Dieux,
Respectez leurs décrets et leur toute clémence ;
Car le plus souvent, pauvres sous !
Quand de vœux imprudents votre aveugle ignorance
Assiège nos autels, la sage providence
Sait, en les rejetant, vous sauver malgré vous. »