A Jupiter un beau jour le chameau
Alla se plaindre. « Eh quoi.! disait-il, le taureau,
- Le cerf et le bélier, même ce bouc immonde,
Dont l'odeur fait fuir tout le monde,
Armés de cornes, fièrement
Lèvent leur tête audacieuse ;
Tandis que moi, privé de ce bel ornement,
- La bête la moins courageuse
Peut m'insulter impunément :
Quelle existence malheureuse ! »
« Ingrat ! répondit Jupiter,
Ne sauras-tu jamais te contenter ?
Tu dois à ma munificence
Des avantages importants.
Courant, sans te lasser dans les sables brûlants,
Tu peux longtemps supporter l'abstinence.
Comptes-tu donc pour rien ces dons si précieux ?
Et tu fais retentir les cieux
De tes sottises non pareilles !. »
Il dit, et de moitié raccourcit les oreilles
De l'animal ambitieux.
Par des vœux importuns ne lassons point les Dieux.
L'ingrat qui, non content des biens que la nature
Dans sa bonté daigna lui départir,
Contre ses lois imprudemment murmure,
A bien souvent lieu de s'en repentir.