Un passant près d'un mur aperçut une ortie ;
Trouvant sa fleur fraîche et jolie,
Pour la cueillir il avança la main.
Mais vivement blessé par la tige piquante,
De son entreprise imprudente
Notre étourdi se repentit soudain,
Et maudit la perfide plante.
« Ami, lui dit l'ortie en ricanant,
Bien à tort contre moi tu te mets en colère :
Cette rose qui t'est si chère,
A coup sûr t'en eût fait autant. »
« Te comparer (répartit le passant)
A cette aimable créature,
Serait faire à la rose une mortelle injure :
Entre vous deux il n'est rien de commun.
Si tu blesses comme elle, as-tu ce doux parfum
Qui nous fait oublier sa cruelle piqûre ? »