Le Chien de salon et le Chien de basse-cour Théodore Lorin (19è siècle)

Élise avait deux chiens, l'un mal fait et rustaud,
Mais fort et courageux : on l'appelait Pataud :
L'autre avait nom Azor ; par ses tours de souplesse,
Il avait su captiver sa maîtresse.
Pour le pauvre Pataud, loin de l'appartement
Il était exilé : poussé par sa tendresse,
S'il osait quelquefois risquer une caresse,
A bas, Pataud ! disait-on durement.
Certaine nuit, un mauvais garnement
Dans la maison s'introduit par adresse ;
Mais notre dogue alerte et vigilant
L'a bientôt découvert : il le suit, il l'épie.
Tandis que dans un coin Azor tremble de peur,
Pataud terrasse le voleur,
Et de sa maîtresse chérie
Son dévouement sauve la vie.
« Ah ! dit Élise, Azor adroit, souple, flatteur,
Par ses grâces, sa gentillesse,
N'avait gagné que ma faveur ;
Mais toi, mon bon Pataud, j'ai su juger ton cœur :
Sois toujours désormais l'ami de ta maîtresse. »

Livre VII, Fable 3




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