Près d'une Ortie
Un Rosier s'élevait :
Branche fleurie,
S'y conservait.
Une Rose,
Fraîche éclose ;
S'indignait,
S'en plaignait,
Et voici son langage :
Cette Plante sauvage
Doit-elle être à mes côtés ?
Par mon éclat arrêtés,
Ceux qui me rendent hommage,
Choqués de ce voisinage,
Vont l'arracher de ces lieux :
Chacun la fuit ou l'outrage,
Et je fixe tous les yeux.
Au vrai brillait la fleur nouvelle ;
Mais suffit-il d'être belle ?
L'orgueil toujours ne sied pas
Aux appas.

Un passant la voit et l'admire :
Vers elle le plaisir l'attire ;
Il veut de près en respirer l'odeur.
Soudain, pour passer son envie,
Il évite avec soin l'Ortie,
Et va se bleffer à la Fleur.

Eh bien tu vois, belle orgueilleuse ;
Lui dit l'Ortie en cet instant,
Que si je ne brille pas tant,
Je suis aussi moins dangereuse.

Livre I, fable 10




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