De ses douleurs de tête
Un Chêne un jour se plaignait hautement.
A l'ardeur du soleil, au fort d'une tempête,
À la fraîcheur du soir, on en prend aisément.
Non loin de là vivait un saule
Dans le fond d'un marais.
Pour moi, dit-il, je n'ai jamais
Ce mal cruel qui te désole.
Il est un moyen qui guérit
La plus forte migraine :
Les pieds dans l'eau,
les Médecins l'ont dit.
Les Médecins ? Oui, la chose est certaine.
Et le Chêne aussitôt
Abandonne son domicile,
Et court s'enfoncer, comme un sot,
Dans ce bourbeux asile.
Il y languit, il s'y flétrit,
Perd ses forces, enfin périt ;
Et, par un coup inconcevable,
Ses branches en tombant gravèrent sur le fable :
Si tu veux agir sagement,
Avant de te traiter, en affaire semblable,
Consulte ton tempérament.