L'Araignée et la Montre Honoré Antoine Richaud-Martelly (1751 – 1817)

En ourdissant sa toile, un jour une Araignée
Sur une Montre attacha ses regards :
De son ouvrage détournée,
Elle vit passer les trois-quarts
De l'heure déjà commencée.

Que le temps coule avec lenteur
Dit-elle et que la vie
Promet d'ennui par sa longueur !
Une heure encor n'est pas finie,
Et c'est la première du jour !
Le soleil hâte son retour ;
Mais son départ !... je pense qu'il l'oublie.
Alors, bâillant de tout son cœur,
Elle reprit le fil de son ouvrage.
Un instant lui rendit courage ;
L'instant d'après redoubla son ardeur :
Bientôt, sur sa toile étendue,
Elle ne put compter tous les filets nouveaux
Dont la trame déjà venait d'être tissue.

Quoi ! pour tant de travaux
Un temps si court, dit-elle !
D'une toile nouvelle
Dix fois par jour je pourrai me meubler.
De sa besogne elle-même étonnée,
Elle songeait à la renouveler,
Quand la Montre sonna la fin de la journée.

Livre I, fable 12




Commentaires