La fileuse araignée, un jour, tint ce langage
Au ver à soie : « Admirez cet ouvrage,
« Que j'exécute sans compas ;
De lignes, de carrés, étonnant assemblage !
A l'imiter, mon cher, vous ne parviendrez pas.
Celui-ci répondit : « Avec vous je l'admire,
Et suis bien moins adroit que vous, je dois le dire.
Mais, comme mes fils précieux
Décorent les palais et les temples des dieux,
L'on me recherche, l'on m'attire.
Malgré votre talent, ma chère, comparez
De vos ronds et de vos carrés
La destinée, hélas ! bien différente ;
Ils ne sont bons à rien ; aussi, gare les yeux
Et le balai de la servante ! »
On mefait remarquer le fini merveilleux
De ce vase, formé d'un noyau de cerise ;
Sur ce travail exquis chacun s'est récrié ;
Vous vous taisez, dit-on : que veut-on que j'en dise ?
Que c'est du temps mal employé.