L'Araignée et le Ver à soie Jean-Jacques Boisard (1744 - 1833)

« Quoi ! toujours un maudit balai
Emportera tout mon ouvrage !
Et jamais je n'achèverai…
Ah ! cette fois je perds courage.
Imbéciles humains ! mais vous n'y pensez pas ;
De la rivale de Pallas,
Barbares, vous brisez la trame inimitable ;
Et d'un vermisseau méprisable
Vous recherchez le fil mille fois plus grossier !
Pour encourager l'ouvrier,
Vous vous chargez de sa dépense ;
Vous le logez avec magnificence. »
Ainsi notre fileuse exhalait son courroux.
Un vermisseau voisin reprit d'un ton fort doux :
« Dame Arachné, pourquoi vous échauffer la bile ?
Eh ! de grâce, modérez-vous ;
Oui, de par tous les dieux, vous êtes fort habile ;
Votre ouvrage est fort beau, mais il est inutile. »

Livre II, fable 5




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