Méprisable jouet d'un Orgueil imbécile,
Autrefois Arachné pensant que d'un lambris
Sa toile réhaussait le prix,
Du haut de son Trône fragile
Laissait tomber à peine un regard dédaigneux,
Sur le Vermisseau précieux
Dont l'art second transforme le feuillage
En un fil qui de l'or présentant les couleurs,
Prend au gré des Humains les nuances des fleurs.
De grâce, lui dit-il, quel peut être l'usage
Des cercles déliés et des Rayons divers
Qu'avec tant de travail vous tracez dans les airs ?
Sans doute qu'un si grand ouvrage
Doit être utile à l'Univers !
Ignorant, ignorant, oses-tu me distraire !
Dit Arachné d'un ton colère,
Je transmets mon adresse à la Postérité,
Reconnais mon objet, c'est l'Immortalité,
Comme elle finissait, Suzon la Chambrière,
Détruit à corps de balais
Et la toile et l'ouvrière,
Et ses superbes projets,
Et son Temple de Mémoire.
En même temps au Vermisseau
Elle a soin de fournir un aliment nouveau.
La Nature qu'il sert le destine à la gloire :
Quand il a filé son tombeau,
Véritable Phoenix il renaît de sa cendre
Et d'un nouvel essor savourant les plaisirs,
Va disputer la Rose aux baisers des Zéphirs.

Cette Fable doit nous apprendre
Que le prix des Beaux-Arts est dans l'utilité,
Si l'on chérit les fleurs que leur main sait répandre,
C'est pout orner la Vérité.

Livre II, fable 17




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