Sur le corps d'un Taureau défait par sa valeur,
Un Lion généreux reposait un vainqueur,
Et secouant fa superbe crinière,
Il triomphait à sa manière.
Un Brigand attiré pat l'espoir du butin,
N'osant le disputer les armes à la main,
Pria sa Majesté Lionne
De lui donner quelque part du Taureau :
Qu'il s'en contenterait, ne fut-ce que la peau.
Tu prends trop sans que l'on te donne,
Je n'aime point à faire des présents
Aux Brigands.
Celui-ci s'en alla chercher ailleurs sa proie,
Mais un Voyageur ingénu
Passa près du Lion et l'ayant aperçu,
Il allait prendre une autre voie ;
Rassurez-vous, lui dit le Monarque des bois,
Acceptez du butin la meilleure partie,
Et que le prix de mes exploits
Soit encore celui de votre modestie.

On ne peut trop louer le Roi des Animaux :
L'Homme est moins équitable, 8: les Vertus timide!
Produisent rarement d'illustres Commensaux ;
Les Courtisan ; les plus avides
Ont toujours les meilleurs morceaux.

Livre II, fable 16




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