Au bonheur du méchant Ne portons point envie,
Attendons la fin de sa vie ;
Un châtiment tardif est le plus effrayant.
Un lion , le fléau de tout son voisinage,
Dans les bois d’alentour exerçait sa fureur.
Son goût, plus que la faim , l’animait au carnage,
A régner sur des os il menait son bonheur;
Son antre en était plein ; tout le long des murailles
En bel ordre on voyait les squelettes , les peaux,
Des infortunés animaux
Qu’il avait égorgés dans cent et cent batailles :
Il savait qu’un guerrier dort tendre les drapeaux
Qu’il a conquis sur ses rivaux.
Ces tristes ossements demandaient la vengeance.
Jamais on ne l’appelle en vain ;
Elle marche à pas lents, mais elle arrive enfin.
Les peaux se desséchant perdirent leur subsistance;
Les puces y mouraient de faim.
Sur l’animal cruel ces puces se jetèrent ,
Tant et si bien le tourmentèrent,
Que comme un forcené seigneur lion mourut ;
À sa mort on dansa ; c’est tout ce qu'il en fut.

Fable 12




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