À la Cour du Lion un Lièvre avait l'honneur
D'être souffert. Au redoutable Sire,
L'animal inquiet, toujours mourant de peur,
Apprêtait quelquefois à rire ;
Et le Lièvre de-là prenait occasion
D'en agir avec lui de pair-à-compagnon :
Car aux gens de cette séquelle,
On fait assez que de tout temps
La familiarité des Grands
Est en possession de tourner la cervelle.
Un jour que le Lion se plaisait à l'ouïr
Discourir
Sur son histoire favorite
Des Grenouilles mises en fuite.
Mais, Sire, à propos de courir,
Est-il vrai, dit le Lièvre, ainsi que l'on débite,
Que le chant du Coq vous fait fuir ?
Oui, lui dit le Lion, la chose est véritable,
Et l'on remarque en général
Que parmi nous chaque grand animal
A quelque faiblesse semblable.
Par exemple, de l'Eléphant
Tu peux avair entendu dire
Que du moindre Pourceau l'odieux grognement
À ce noble animal inspire
Je ne fais quel frémissement,
Dont il ne saurait se défendre. -
Ah ! que venez-vous de m'apprendre ?
Voilà justement mon malheur !
Jusqu'à présent je n'avais pu comprendre
Pourquoi les Chiens me faisaient tant de peur.