Une araignée avait appris
A tisser, en forme d'étaile,
Une légère et forte toile,
Où bien des moucherons chaque jour étaient pris
À la secousse elle accourait
Et, sans façon, les dévorait.
Puis, au milieu de la rosace
Elle allait reprendre sa place.
La chose ainsi toujours se passe.
Or, un matin d'automne, au lever du soleil,
Une guêpe donna dans le filet vermeil.
Elle, aussitôt, se précipite.
« Ma commère, un instant, ne courez pas si vite ! :
Lui dit la guêpe, dont le dard
La traverse de part en part.
« Grand Dieu ! fit-elle, ah ! la coquine,
Qui dans ma maison m'assassine ! »
La guêpe lui répond : « Insecte venimeux,
Aussi féroce que hideux,
Je te punis de tous tes crimes !
Au fond de ce charnier, regarde tes victimes,
Elles réclamaient un vengeur ;
Je le suis, je m'en vante et je m'en fais honneur,
Je défends ici la justice !
Il est temps que cela finisse. »
Elle part à ces mots et va chez le voisin
Piller la poire et le raisin,
Dans sa ruche attaquer l'abeille...
S'agit-il de happer, sa justice sommeille.
Cette fable renferme un grand enseignement :
C'est que tous les bandits invoquent la morale
Contre les autres seulement.
Eux, ils s'en passent simplement.
Le fait vaut bien qu'on le signale.