Sur la tête du Serpent
La Guêpe s'était posée,
Et de sa flèche aiguisée
Perçait l'animal rampant.

Il saute, il siffle, il se fâche :
Vain courroux ! l'insecte ailé,
Sur cette tête installé,
La poignarde sans relâche.

Du reptile bondissant
Qui peut exprimer la rage ?
Il voit contre un tel outrage
Tout son effort impuissant.

Près d'eux passe d'aventure
Un roulier, le fouet levé,
Guidant sa lourde voiture,
Qui fait gémir le pavé.

Le Serpent sous une roue
Met sa tête, et dit : « Allons !
" Que le sang des vils frelons
« Périsse ! Je me dévoue. »

Aussitôt, de tout le poids
De la guimbarde qui passe,
old Serpent et Guêpe à la fois
Sont écrasés sur la place.

Le Serpent avec transport
Punit la mouche traîtresse ;
Et sa queue, après sa mort,
Saute encore d'alégresse.

Un tel exemple fait voir
 des Guêpes trop cruelles
Ce que peut enfin contre elles,
Suggérer le désespoir.

Réduit à ce point extrême,
On n'en fait pas à demi ; somas na
L'on peut se perdre soi-même,
Pour perdre son ennemi.

Livre I, fable 9




Commentaires