Où le faible périt, le puissant se dégage ;
De vous le démontrer ce sera mon ouvrage :
Au milieu d'un jardin, élégamment orné
L'une des filles d'Arachné,
L'araignée, avec art, avait tendu sa toile
Et c'était sur ce faible voile
Qu'elle fondait l'espoir de son dîné.
En effet, en volant, avec étourderie,
Un moucheron se prit, presqu'au même moment ;
Et malgré ses efforts et sa criaillerie,
Elle allait le croquer impitoyablement,
Quand, tout-à-coup, une guêpe dorée,
Qu'attirait dans ce lieu quelque joli bouton,
Comme une franche évaporée,
Vint partager le sort du pauvre moucheron
Et courir le danger d'être aussi dévorée.
Mais de se dégager et sortir d'embarras,
Ce fut pour elle chose aisée ;
En un clin-d'oeil la toile fut brisée,
Et la guêpe à l'abri des craintes du trépas.
Témoin de cette heureuse audace,
Le moucheron tente un nouvel effort ;
Pour se soustraire aux horreurs de la mort,
Il n'est rien que chacun ne fasse.
Enfin, pour échapper à l'animal vorace
Voyant ses soins, ses cris, ses travaux impuissants,
De l'araignée il implore sa grâce
Et prend l'habit des suppliants.
Mais celle-ci, dans son langage,
En le croquant, lui répondit
Rappelle-toi le proverbe qui dit :
Où le faible périt, le puissant se dégage.