L'Araignée et le Moucheron Pierre Chevallier (1794 - 1892)

Un enfant dont l'intelligence
Commençait à percer le voile ténébreux
Dont la discrète providence
En nous donnant le jour couvre nos faibles yeux,
Observait, contemplait d'un regard curieux
Une grosse araignée aux bras longs et livides,
Qui montant, descendant, sans règle, ni compas,
En silence traçait de ses réseaux perfides
Le symétrique canevas.
En vain dans sa petite tête
Il cherche à s'expliquer où prétend en venir
Cette incompréhensible bête.
Il l'aperçoit alors s'avancer et saisir
Un pauvre moucheron qui, d'une aile imprudente,
En frôlant de trop près sa toile transparente,
Par les pattes se trouvait pris.
D'une semblable scène indigné, tout surpris,
Notre enfant sur-le-champ court auprès de son père
Et de son mieux lui raconte l'affaire.
— Mon fils, dit celui-ci, ce petit animal
Qui t'intéresse tant, seul a causé son mal.
Sourd aux sages conseils que lui donna sa mère,
Il n'écouta jamais la plus courte leçon ;
Comme bien des enfants que ce siècle a vus naître,
Qui veulent à quinze ans en montrer à leur maître,,
Né d'hier il voulut faire le grand garçon,
Voltiger à son gré, s'élancer dans l'espace,
Il est, comme tu vois, puni de son audace.

Livre II, fable 16




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