Toute recherche en bonne chère
Nuit plus ou moins à la santé.
Veut-on la conserver ? rien n'est plus nécessaire.
Qu'une exacte frugalité.
Je prouve cette vérité.
Qui le croirait, qu'une Araignée
Vieille, sèche, ratatinée,
Se dégoûtant de moucherons,
De mouches Sc de pucerons y
Peut-être aussi de papillons,
Viande à son gré trop maigre et trop légère,
Voulût avoir un plus fort ordinaire ?
Elle voyait passer au printemps, en été,
Sur le déclin du jour, des Abeilles chargées,
Et d'un long travail fatiguées :
Par elle avidement ce mets fut convoité.
Dès le soir même elle plia bagage,
Et transporte ailleurs son ménage.
Les frais en surent bientôt faits ;
L'Aragne n'a pas grands effets.:
L'industrie est tout son partage.
Son meilleur bien, c'est ses filets.
La nuit donc, à la belle étaile,
Elle va se poster en certain défilé
Où l'abeille passait : elle y tendit sa toile ;
Et dès le lendemain le filet étalé
Fut prêt à recevoir la proie.
Le gibier désiré se prenait tout de go :
L'Aragne vivait à gogo,
Et s'en donnait, comme on dit, à cœur joie :
Mais le plaisir ne dura pas longtemps.
Les mets étaient trop succulents,
L'estomac n'était fait à.si gros ordinaire ::
Excédé de la bonne chère,.
Le malavisé bestion ;
Creva d'une indigestion.