Le Ver à soie et l'Araignée Théodore Lorin (19è siècle)

» Quand auras-tu fini ton éternel labeur ?
Au ver à soie, avec aigreur,
Disait la hideuse araignée.
Ma vaste toile est déjà terminée :
Pourtant j'ai commencé bien longtemps après toi. »
« Ma chère, dit le ver, je suis de bonne foi :
Plus lentement que vous, il est vrai, je travaille ;
Mais mon ouvrage, aussi, durera plus que moi.
Vous, qu'avez-vous fait ? rien qui vaille.
Un jour, pour les habits d'un roi,
Avec soin une main habile
Préparera le tissu que je file :
Tandis que votre toile, ouvrage si vanté,
D'un seul coup de balai demain sera détruite. »

Ne comptez pas sur l'immortalité,
Faibles auteurs qui n'avez pour mérite
Qu'une extrême facilité.

Livre III, Fable 10




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