« Que de peines, ami, je te vois te donner,
Disait au ver à soie une mouche légère,
Et cela, pour t'emprisonner !
Voilà de tes travaux, certes, un beau salaire !... »
« Sur mon destin sois tranquille, ma chère.
De ma prison je sortirai
Sémillant comme toi : bientôt je reverrai
Du soleil la douce lumière.
Et puis, de mon labeur les hommes profitant,
Feront avec mes fils maint ouvrage élégant
Qui parera la joyeuse jeunesse
Et qui rehaussera l'éclat de la richesse.
Aussi me nourrit-on avec de tendres soins,
Et sait-on nuit et jour prévenir mes besoins.
Au lieu que toi, qui bourdonnant sans cesse,
Ne causes au mortels qu'ennuis et que tourments,
On te hait, on te chasse, et lorsque les autans
De leur souffle homicide attristent la nature,
Seule, sans amis, sans parents,
Tu vas mourir de faim au coin d'une masure.
Mais moi, je me survis : car ma postérité
Éternise mon existence,
Et j'ai, de plus, l'honorable assurance
De n'avoir pas vécu sans quelque utilité. »