Certaine mouche vagabonde.
Qui ne connaissait que la fleur,
Se faligua de son bonheur,
Et voulut parcourir le monde.
Aile au vent la voilà ;
Adieu les champs ! notre infidèle,
Légère de corps, de cervelle,
Dans une ville s'envola.
Loin de la rose purpurine,
Près d'un café, la libertine,
Séduite par maintes odeurs,
Plus enivrantes que les fleurs,
Et par d'éclatantes lumières,
Entre et parcourt le bord des verres.
De l'eau sucrée, oh ! rien de plus,
Dit en secret nôtre étourdie :
De l'eau, bientôt, on passe à l'eau-de-vie,
Du nécessaire, aux superflus.,..
Et, de fil en aiguille,
De faux pas en faux pas,
Dans un punch enflammé qui s'échaufse et pétille,
Notre insecte enivré rencontre le trépas.
On voit la corde que je touche ;
Plus d'un fils de bonne maison,
— Je le laisse à penser» lecteur, si j'ai raison, —
Se reconnaîtra dans la mouche.